Ce qui a commencé comme une commodité technologique a donné lieu à plusieurs des questions les plus contestées en matière de responsabilité civile moderne. L’une des principales questions posées est la suivante : lorsque des passagers sont agressés par des conducteurs, qui est légalement responsable ?
Elise Sanguinetti, associée chez Arias Sanguinetti, et Matt Kita, avocat-conseil pour Arias Sanguinetti, ont rédigé un article pour le numéro de mai 2025 du magazine Advocate qui explique ce domaine en évolution. L’article analyse la façon dont les tribunaux de Californie et du système fédéral traitent les demandes d’agression sexuelle contre les entreprises de covoiturage comme Uber et Lyft. Avec plus de 3 000 affaires actives maintenant regroupées dans les tribunaux d’État et fédéraux, cette question est devenue un champ de bataille juridique qui remet en question des principes de négligence, de responsabilité vicariante et de devoir de diligence de longue date.
Comment le covoiturage a-t-il affecté la responsabilité des services de transport ?
Jusqu’à il y a une dizaine d’années environ, les services de transport étaient dominés par les taxis et les entreprises de limousines, des entreprises fortement réglementées et soumises à des cadres de responsabilité clairs. Si un passager était blessé, en particulier dans des cas de mauvaise conduite intentionnelle par un conducteur, le chemin juridique était plus prévisible.
Mais l’explosion des services de transport basés sur des applications comme Uber et Lyft a tout changé. Ces entreprises ont construit un modèle d’entreprise qui non seulement a supprimé de nombreux garde-fous traditionnels, mais a également activement commercialisé leurs plateformes comme une alternative “sûre” aux taxis traditionnels, créant ce que les tribunaux ont appelé un “faux sentiment de sécurité”.
Dans l’article, nos avocats examinent comment ces stratégies de marketing, combinées à la nature du système basé sur des applications, ont donné lieu à des milliers de poursuites judiciaires de la part de survivants d’agressions sexuelles, dont certains ont été attaqués par des conducteurs ayant des antécédents criminels, et d’autres par des imposteurs se faisant passer pour des employés d’un service de covoiturage.
Elise et Matt explorent des questions juridiques fondamentales telles que :
- Uber ou Lyft sont-ils responsables par procuration des agressions commises par leurs conducteurs ?
- Quels devoirs ces entreprises doivent-elles aux passagers en attente d’un trajet ?
- Les demandeurs peuvent-ils poursuivre des théories telles que la fraude ou la responsabilité du produit contre les plateformes basées sur des applications ?
L’article offre une plongée en profondeur dans deux procédures à haut enjeu en cours.
Pourquoi les résultats sont-ils si différents dans les tribunaux d’État et fédéraux ?
Plus de 2 000 affaires sont maintenant coordonnées devant le tribunal supérieur du comté de San Francisco. Dans ce lieu, Uber a largement réussi à limiter son exposition, persuadant le juge de rejeter la responsabilité par procuration et plusieurs demandes fondées sur la fraude.
Un litige multidistrict fédéral (MDL) a regroupé plus de 1 600 demandes similaires devant un juge du district nord de la Californie. Là, les demandeurs ont eu beaucoup plus de succès, le tribunal permettant aux demandes de responsabilité par procuration et de négligence de progresser, décrivant le comportement d’Uber comme contribuant au risque de préjudice.
L’article explique que ces décisions divergentes signifient que l’issue d’une affaire peut dépendre non pas des faits, mais de l’endroit où la plainte est déposée.
Uber et Lyft peuvent-ils être tenus responsables des agressions commises par des imposteurs ?
Elise et Matt abordent également les agressions sexuelles commises par des personnes se faisant passer pour des conducteurs Uber ou Lyft. Ces imposteurs utilisent souvent des autocollants de covoiturage, s’approchent de passagers en état d’ébriété en attente de leur trajet, puis les enlèvent et les agressent. Les victimes soutiennent que les entreprises étaient au courant de ces schémas mais n’ont pas pris de mesures, mais les tribunaux sont divisés sur la question de savoir si les entreprises avaient le devoir d’avertir ou de protéger.
Dans l’article, ils font une comparaison entre une décision clé de la Cour d’appel de Californie, qui a rejeté la responsabilité pour les agressions commises par des imposteurs, et une récente décision de la Cour d’appel du neuvième circuit qui a remis en question ce précédent, ouvrant potentiellement la porte à des demandes futures.
À terme, les entreprises de covoiturage pourraient être contraintes de prendre une plus grande responsabilité pour les actes répréhensibles de tiers prévisibles.
Les entreprises de covoiturage doivent-elles aux passagers le devoir de diligence le plus élevé ?
Comme le souligne l’article, les tribunaux sont aux prises avec la question de savoir si Uber et Lyft ne sont que des plateformes technologiques ou des transporteurs communs qui doivent aux passagers le devoir de diligence le plus élevé. Si ces entreprises sont considérées comme plus que de simples intermédiaires passifs, cela pourrait considérablement élargir la portée de leur responsabilité dans les litiges futurs.
Elise et Matt concluent en offrant des conseils pratiques aux avocats cherchant à poursuivre ces demandes, en analysant les théories juridiques les plus solides disponibles et en identifiant les arguments qui pourraient survivre aux efforts de rejet préliminaires.
Vous voulez en savoir plus ?
Le paysage juridique autour de la responsabilité des entreprises de covoiturage évolue rapidement, et l’endroit où les tribunaux se situent pourrait redéfinir la façon dont les plateformes technologiques sont tenues responsables de la sécurité des passagers. Pour en savoir plus sur les affaires et les stratégies les plus importantes, lisez l’article complet dans le numéro de mai de Advocate Magazine.